« Sans cela, nous serions passés à côté de notre vie, nous serions passés à côté l’un de l’autre »
Véronique et Yves de L’Isle, habitent à côté de Caen, à Bretteville-sur Odon en Normandie. Après avoir passé une licence de géographie, Véronique est devenue pédicure-podologue. Yves est orthodontiste, toujours en activité. Ils ont été parmi les premiers à suivre le Processus Hoffman 1992 puis le SAT en 2010. Dans cette interview réalisée par Céline Lanusse, journaliste indépendante, ils nous expliquent, plusieurs années après, comment ces deux programmes ont changé leur vie…
Quelles sont les raisons qui vous ont motivés à suivre le Processus Hoffman ?
Véronique : C’est moi qui ai « ouvert le bal ». Nous étions dans une impasse à ce moment-là, nous avions alors deux enfants, nous en avons trois aujourd’hui. Ils avaient respectivement cinq et huit ans. J’étais dans un tourbillon : je portais tout à bout de bras, les enfants, la maison, la comptabilité, le travail, nos liens relationnels, les dîners… Bref, je n’existais plus. Et j’étais devenue trop responsable, trop raisonnable. Et plus j’étais responsable et raisonnable, plus je ramenais Yves à une réalité qui était trop sérieuse et qu’il cherchait à fuir avec son insouciance, sa candeur, son dynamisme, que j’avais tant aimé lorsque nous nous sommes connus. Après quelques années, nous étions arrivés au bout d’un système, nous étions dans l’autodestruction. J’ai alors commencé à effectuer un travail sur les rêves et j’ai compris toute l’importance de la réappropriation de mon ‘’moi’’, pour mon plus grand soulagement. L’espoir revenait et l’énergie revenait. C’est alors que mon thérapeute, au bout de 7-8 mois, m’a proposé de suivre le processus Hoffman. C’était en 1992.
« Je ressentais une profonde détresse »
Comment se passait le Processus Hoffman à cette époque ?
Véronique : Il se déroulait pendant huit jours, pas très loin de Blois. J’ai laissé tout le monde, mes enfants, mon mari, et je suis partie après le travail préparatoire que j’avais commencé l’été avec les enfants, en famille, et qui m’avait déjà énormément apporté. Je m’y donnais vraiment corps et âme, j’avais une telle soif… Le fait de pouvoir me réapproprier mon ‘’moi’’ m’avait mise dans une dynamique que plus rien ne pouvait arrêter. C’était une effervescence qui était en moi et à partir de ce jour-là, je suis devenue une inlassable chercheuse de vérité.
Qu’est-ce que vous cherchiez précisément avec ce processus ?
Véronique : Moi… Moi… J’étais confuse. A cette époque-là, j’essayais de faire plaisir à tout le monde, j’essayais de tout faire, j’étais partout, je tenais tout, et je n’existais plus. Donc je ressentais une profonde détresse.
Et je ne pouvais me raccrocher à personne. Yves me voyait dans cette angoisse et cette effervescence permanente, je lui faisais peur. Sa façon de se protéger, c’est l’insouciance. Donc j’étais plutôt repoussante par rapport à sa psychologie, qu’il va expliquer après. Quant à mes parents et ma famille, personne n’aurait rien compris. Donc j’étais complétement seule.
Comment s´est passé le Processus Hoffman pour vous ?
Véronique : Je suis arrivée avec toute ma valise, mon armure de peur, malgré tout ce travail préalable réalisé de manière extrêmement soignée, avec minutie. J’allais sauver ma vie, je partais vraiment au combat. Donc j’étais crispée, dans l’invisibilité et la neutralité pour pouvoir réussir à prendre ce que je devais prendre et me protéger. J’étais dans cette posture qui m’a permis peu à peu de m’ouvrir quand j’ai senti de la sécurité, de la bienveillance, et peu à peu, je me suis retrouvée comme un poisson dans l’eau. Mais un poisson dans l’eau ! Cela a été une révélation. Et je suis arrivée au monde. Ça m’émeut encore aujourd’hui…
La relation thérapeutique avec Karin
Vous avez noué, à l’occasion de ce parcours, une relation thérapeutique particulière avec Karin. Comment pourriez-vous qualifier cette relation ?
Véronique : Karin a toujours joué un rôle très important pour moi, car elle m’a donné sa confiance et je me suis toujours sentie en confiance en sa présence. Karin incarne l’amour inconditionnel d’une mère aimante. Elle représente l’ordre juste où les erreurs sont notées, mais hors jugement. Ce ne sont que des écueils faits pour nous aider à nous transformer. Elle dispose d’une grande capacité à prendre du recul et à agir dans l’immédiateté, pour amener chacun à voir ce qui est difficile pour lui. Karin, c’est la bienveillance, dont j’ai tant manqué dans mon enfance. C’est la force, la rigueur, avec un appétit de vie qui nous montre que la vie peut être, aussi, légère, pour notre plus grand bonheur. Quand je suis malheureuse, la première chose à laquelle je pense c’est : « Je ne rirai plus jamais, je ne m’amuserai plus jamais. » J’ai besoin de la légèreté de la vie. Cela, je l’ai aussi avec Karin et c’est merveilleux.
Il y a une immédiateté, une adaptabilité, qu’elle emmène avec elle avec l’âge qui avance, et c’est ce qui est le reflet de tout l’amour qu’elle a donné, qu’elle continue à donner et qu’elle se donne à elle-même également.
La révélation des manipulations subies
Yves, j’aimerais également savoir quelles ont été les raisons qui vous ont motivé à venir au Processus Hoffman ?
Yves : Véronique a suivi le Processus Hoffman en septembre 1992, et quand elle est revenue, elle était transformée, je la voyais différemment. Cela m’a interpellé et j’ai suivi le Processus Hoffman trois mois après, en décembre 92. J’ai senti qu’il s’était passé quelque chose en elle, j’ai senti qu’elle avait une longueur d’avance. Je me suis dit que, là, quelque chose m’échappait. J’étais trop amoureux d’elle pour la perdre. D’autre part, je m’intéressais beaucoup à la psychologie, à la psychanalyse. Pour l’anecdote, pendant mon année de terminale, j’étais pensionnaire ; je m’échappais avec un camarade, et nous passions la nuit avec le livre de Pierre Daco, nous faisons des séances de rêve éveillé dans une salle qui était complétement à l’opposé des dortoirs, pour finir par nous coucher à 6 ou 7 heures du matin. Nous passions des nuits blanches donc moi c’était quelque chose qui m’interpellait, j’étais passionné. Cela dit, lorsque j’y suis allé, je me disais ‘’moi, ma vie, elle va bien‘’. J’étais quand même assez insouciant et j’y suis allé pour voir ce que c’était, un peu en touriste, avec une petite méfiance ; je craignais d’être manipulé. Quand je suis arrivé là-bas, le premier jour, il s’est passé quelque chose qui m’a marqué, à l’occasion d’un entretien. Karin était en face de moi, derrière un bureau, avec à ses côtés un monsieur qui s’appelait Max Lamande. Elle m’a questionné ; moi, j’étais très décontracté, je répondais. A la fin de l’entretien, je la vois se lever, elle vient vers moi. Et là, d’un coup, je me suis senti tout petit. Elle a ouvert les bras et puis elle m’a dit ‘’Embrasse-moi’’. Donc je suis allé vers elle… Elle m’a dit ‘’Non, non, embrasse-moi…’’ Elle a répété cela trois fois. Moi je ne savais pas comment elle voulait que je l’embrasse, je ne comprenais pas. Et elle me dit : « Tu ne sais pas embrasser. » Donc, je suis parti. Ensuite lors de la première journée, avec tous les thérapeutes, les stagiaires, nous avons parlé, débriefé. A un moment donné, j’ai réalisé d’un coup, je ne sais pas pourquoi, que j’avais été manipulé par ma mère. En fait, avant même d’avoir vraiment déroulé le processus, d’un coup, j’ai compris quelque chose. Et je me rappelle que je m’étais levé et j’étais allé vers le bureau où ils étaient tous assis. J’avais dit à Katrin, ‘’toi ma mère‘’, puis à Karin, ‘’toi ma grand-mère, vous m’avez manipulé toute ma vie, maintenant j’ai compris‘’. Je pleurais à moitié. D’un coup, j’ai réalisé toutes les années que j’avais passées à travers les manipulations que j’avais subies et moi, qui ne pleurais jamais, j’ai pleuré toute la nuit, j’ai passé une nuit blanche, c’était l’horreur. J’ai démarré le processus comme cela. Je suis entré à fond dedans, j’ai réalisé tous les exercices, même si parfois ils étaient très difficiles.
Est-ce que vous pouvez me repréciser les dates de votre processus Hoffman à vous ?
Yves : C’était décembre 92, donc trois mois après Véronique. J’ai embrayé tout de suite !
Véronique : Il y avait urgence. Il y avait urgence.
Yves : Je n’ai pas hésité ! Même si j’y suis allé en touriste, parce que pour moi, je n’avais aucune névrose, tout allait bien.
Véronique : Il y a une petite anecdote, c’est qu’avant que je fasse le processus, je travaillais sur mes rêves que j’analysais tous les jours, invariablement : une petite souris bien studieuse. Yves s’intéressait à ce travail, ce qui fait qu’un soir, il me dit : « Tiens, j’ai fait un rêve… » Ce rêve se terminait par : « J’avais mes godasses qui puaient. » Alors je lui dis : « Tu ferais bien de t’occuper de tes godasses. » Il me regarde et il me dit : « C’est ce que je compte faire. » Et notre vie a changé à cet instant, je ne l’oublierai jamais. Parce que nous avons toujours vécu tous les deux une passion amoureuse, qui est très forte, du premier jour où nous nous sommes rencontrés, pour aller vers une destruction. Et oui, si Yves pas n’avait pas bougé, nous nous serions séparés. Mais l’amour était plus fort. C’est quelque chose que nous portons en nous aujourd’hui.
La compassion pour ses parents
Vous avez dit que vous aviez pensé très vite à la manipulation dont vous aviez fait l’objet de la part de votre maman ou de votre grand-mère. Et vous, madame, vous avez parlé de votre enfance. Est-ce que, si on devait qualifier le processus Hoffman, on pourrait dire que, pour des gens qui ne le connaissent absolument pas et qui ont envie de comprendre, ce processus consiste à guérir les blessures de l’enfance même quand on n’en a pas conscience ?
Véronique : Absolument ! C’est-à-dire que l’essentiel n’est pas ce qu’on a fait de vous, mais ce que vous faites de ce qu’on a fait de vous. Et à partir de ce moment-là, on prend les choses à bras-le-corps pour se changer soi. Parce qu’on ne peut pas changer le monde, en fait. Et le jour où l’on comprend ça, on commence à aller vers son autonomie.
Yves : Et je voudrais rajouter aussi qu’à côté de ça, il n’y a pas d’esprit de vengeance, au contraire. Une compassion s’installe vis-à-vis de nos parents, malgré ce qui s’est passé, parce que, quelque part, eux aussi ont été victimes de leurs parents. Donc bien sûr qu’eux, ils ont une part à travers nous, mais à partir de ce qu’eux-mêmes ont subi, ont vécu. Donc une grande compassion s’installe. C’est là toute la beauté du processus.
Véronique : Oui, et nous les avons accompagnés jusqu’à leur fin, avec le plus de bienveillance et d’amour que nous pouvions leur donner…. Actuellement, j’accompagne encore ma maman qui a 93 ans, je suis aussi encore obligée aujourd’hui de cadrer, de ne pas me laisser déborder, parce que j’ai toujours tendance à me laisser dépasser, mais quand cela va trop loin, je dis : « Bon, je m’en vais, je reviens demain. » Et le lendemain, elle est calme… Voilà, comme un enfant… Je suis devenue la mère de ma mère, et je l’aime toujours.
« Nous avons modifié l’échelle de nos valeurs »
Vous avez suivi le Processus Hoffman il y a plus de 30 ans désormais. Est-ce que vous pourriez nous dresser un bilan de ces 30 années ? Quels ont été les bénéfices dans votre vie, votre travail, avec votre famille ?
Véronique : Les premiers bénéfices sont la communication. A partir du moment où l’on retrouve la communication, on trouve la foi, la foi en soi, la foi dans les autres. Aujourd’hui, du haut de mes 67 ans, pour moi, le plus important – je vais dire quelque chose qui est tellement galvaudé et banal – c’est l’amour. Et l’amour, c’est quelque chose que vous ressentez quand vous sentez une communication fluide entre un être et vous-même, une histoire sans parole, avec de la bienveillance, c’est juste un regard. Pour moi, c’est le plus profond du travail du processus.
Yves : A la sortie du Processus Hoffman j’ai compris qu’on ne se libérait pas de ses démons du jour au lendemain. Cela dit, nous connaissions leur nom, nous savions à quel moment ils pouvaient apparaître, les émotions que cela pouvait susciter. Et à partir de ce travail, nous avions enfin les outils pour les combattre, ces fameux démons. Principalement, cela a concerné ma relation avec Véronique. Je ne me pose plus la question de savoir pourquoi je l’aime, c’est devenu un amour conditionnel. Certes, nous nous accrochons de temps en temps, nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais très vite, cela se transforme… Tout cela, évidemment, ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais nous avons trouvé une richesse de dialogue, et chacun permet à l’autre de reconnaître sa part d’ombre. Aujourd’hui, nous comprenons que ces heurts sont plus constructifs que destructifs, parce qu’ils nous amènent à dialoguer et à faire le point. Nous nous remettons en question en permanence. Nous nous respectons profondément et nous ne prenons jamais de décisions séparément, nous le faisons toujours ensemble, nous en discutons. Et cela ne nous coûte pas… Il n’y a pas ce sentiment de frustration si nous avons émis une idée et que l’autre n’y est pas tellement favorable. Il n’y a pas de frustration. Nous en sommes là. Si Véronique a des doutes sur quelque chose, je vais le respecter. Peut-être que moi, je ne l’ai pas compris, mais elle, elle l’a compris. Et inversement. Donc, nous nous épaulons ainsi. En fait, j’ai un besoin de partager avec elle. Je ne peux pas vivre une situation sans elle. J’ai besoin de la partager avec elle et de ressentir son plaisir. Et son plaisir, c’est mon plaisir.
Je suis dans mes petits nuages de temps en temps. Donc Véronique c’est ma conscience, je l’appelle « ma conscience » d’ailleurs. Et si jamais elle me dit non, c’est qu’elle a compris que j’étais en train de m’envoler quelque part, qu’il fallait que j’atterrisse un petit peu. Et cela me fait réfléchir.
Donc pour reparler des bénéfices, je dirais que nous avons modifié l’échelle de nos valeurs. Nous avons éliminé le paraître au bénéfice de nos vrais besoins. Nous ne frimons pas. Ce n’est pas le matériel ou notre masque qui comptent, c’est ce que nous sommes au fond de nous. Nous n’avons pas besoin d’en faire des tonnes. On nous aime ou on ne nous aime pas.
Ce qui a changé aussi, petit à petit, c’est la relation avec nos enfants. Nous sentons que le regard de nos enfants a changé au fur et à mesure. Ils nous demandent conseil. Nous sentons qu’ils nous aiment.
Véronique : Ils sont bienveillants, ils veillent à ce que nous soyons bien, aussi.
Yves : Nos amis aussi nous prennent comme nous sommes et nous apprécient comme nous sommes parce que nous n’essayons pas d’en imposer, de paraître. Ce paysage a changé.
Entre dans sa vie d’adulte en sachant qui l’on est
L’un de vos enfants a suivi le Processus alors qu’il était encore très jeune. Est-ce que vous pouvez nous dire si le fait de suivre ce processus l’a aidé ? Et si oui, à quel point de vue ?
Véronique : Il était tout feu, tout flamme. Il était comme un jeune adolescent. Et en même temps, notre parole n’était pas crédible. Il faisait les 400 coups, il a redoublé sa seconde, sa première, sa terminale. Nous commencions à paniquer un petit peu. A un moment donné, il a eu une aventure avec sa prof d’anglais, cela devenait très compliqué.
Il avait quel âge quand il a fait le Processus ?
Véronique : Il avait une vingtaine d’années. C’était très chaotique jusqu’à l’âge de 25 ans. Et puis, il a fait ce Processus. A partir de ce moment-là, il a rencontré aussi une jeune fille. Et tout d’un coup, sa vie s’est stabilisée. Il a décidé de faire Science Éco. Nous avons émis des doutes, mais il a décroché son Master 2 ! Il a commencé à travailler à droite, à gauche, à se prendre un peu les pieds dans le tapis… Mais toujours en revenant vers nous, en expliquant, en essayant de comprendre. Grâce à Hoffman, la communication entre nous a été très importante, jusqu’au moment où il a eu une déception amoureuse. Il a alors complétement changé. Il est resté seul quelques années, puis il a rencontré une autre personne. Et au niveau affectif, il s’est complétement stabilisé. Il est rentré, fort de son expérience passée, au Conseil régional, à Caen, où il a aujourd’hui une très belle situation. Il est parfaitement stabilisé. Pendant ses études, il a également développé l’art de la plongée, il est devenu instructeur des instructeurs, et il est président de Caen Plongée. La plongée est devenue une révélation. Il s’est marié avec une monitrice de plongée. Il est complétement épanoui, avec sa belle-famille, avec tout le monde. Nous attendons des petits-enfants maintenant.
Est-ce que vous pensez qu’il est pertinent de recommander à des jeunes qui entrent dans leur vie adulte de suivre ce processus ?
Véronique : Je pense qu’il est possible de le faire à n’importe quel moment de sa vie. Ce qu’il faut, c’est une profonde motivation intérieure. Quand nous avons fait nos deux Processus, nous avons fait le choix d’aller au cœur du réacteur. Et c’est toute la problématique d’Hoffman. Parce que certaines personnes se disent « bon ok, je vais le faire », mais restent dans les contours. Pour moi, la motivation a été la douleur pour sauver ma vie, pour Yves cela a été de se dire « attention, qu’est-ce que je vais devenir si jamais on se sépare ? qu’est-ce qui va se passer ? », alors que nous avions tous les ingrédients pour être bien ensemble. Et cela nous a donné une force de chercheurs de vérité, sans tourner autour. Alors, quand on est jeune, est-ce que l’on a cette puissance ? Martin (leur fils) l’a eue, mais avoir des parents ayant eux-mêmes fait cette démarche l’a peut-être motivé. Lui sa révélation, il me l’avait dit après avoir fait Hoffman, c’est qu’il s’est dit ‘’mais en fait, je n’ai pas de problème’’. Il était en rébellion contre ses parents et il a découvert qu’il n’avait pas de raisons d’être en rébellion profonde. Il y en a toujours, je pense, mais je témoigne vraiment de ce qu’il m’a dit. À ce moment-là, il a vu des gens dans une souffrance terrible. Cela lui a quand même permis de contacter la compassion. Donc, c’est quand même très important. Et aujourd’hui, il est très humain.
Yves : Moi, je dirais que cela peut déjà aider un jeune à savoir ce qu’il est, c’est-à-dire, quelle est sa part ? Quelle est la responsabilité des parents, quelle est sa responsabilité à lui ? Il va pouvoir se construire autrement, c’est-à-dire qu’il ne va pas partir vers un mauvais chemin. Pour lui, c’est tout bénéfice de savoir qui il est vraiment dès le départ. Cela peut être un avantage de démarrer sa vie ainsi, sans se ‘’prendre des vestes’’ sans arrêt.
Véronique : La difficulté, c’est qu’aujourd’hui, on donne aux jeunes beaucoup de leurres, de faux-semblants. Ils entrent là-dedans et ils ne se posent plus la question « quel est mon vrai bonheur ? Quelle est ma voie ? Quels sont mes dons et talents ? Et qu’est-ce que je vais en faire ? »
Je lisais récemment un article au sujet d’un surdoué qui avait eu le bac à 14 ans. Il a fait de brillantes études et puis il a commencé à travailler. Et 10-15 ans plus tard, il s’est rendu compte que ce qu’il avait fait ne lui correspondait pas. Et il est reparti dans la musique. Aujourd’hui, il est chef d’orchestre, c’est merveilleux. Il a retrouvé le sens de sa vie. Je pense qu’il y a une question de sens.
Il faut vouloir être heureux pour suivre le Processus ?
Voilà ! Ce n’est pas donné à tout le monde. Peut-être que nous, nous étions prêts à tout parce que nous avons une soif de vie. Moi, j’aime la vie. Et c’est ce que j’aime avec Karin, c’est qu’il y a le petit grain de folie. Et la vie, c’est aussi ce petit grain de folie, de joie, de fantaisie. Et de plaisir.