programme SAT : « la reconnaissance de notre conditionnement, un premier pas vers la liberté »

Juil 2, 2025 | Claudio Naranjo, SAT

Dans cette interview, Cherif Chalakani revient sur son parcours aux côtés de Claudio Naranjo, figure majeure de la psychothérapie contemporaine et créateur du programme SAT. Thérapeute engagé, aujourd’hui co-responsable de l’Institut Hoffman en France, Cherif nous partage avec clarté et sensibilité les fondements de cette approche transformatrice. Une invitation à mieux se connaître, à reconnaître nos conditionnements et à rétablir un lien plus authentique avec soi-même et les autres.

Pour commencer, peux-tu retracer ton parcours personnel et partager avec nous ton expérience du programme SAT jusqu’à ton intégration dans l’équipe ?

J’ai découvert, pour ainsi dire, la version du Processus Hoffman que Claudio Naranjo – que j’ai eu l’opportunité de côtoyer dans les années 1980 au Mexique – nous transmettait alors. Il s’agissait, en quelque sorte, d’une déclinaison « naranjienne » du Processus Hoffman. En effet, Claudio a contribué à structurer ce programme aux côtés de Bob Hoffman. Ainsi, j’ai été formé, entre 1980 et 1981, au Mexique, à cette première version du Processus, légèrement distincte de celle que Bob a ensuite développée et qui est aujourd’hui en usage.

Rencontre avec Claudio Naranjo : un maître et une inspiration

Ton premier contact avec le Processus Hoffman et le SAT s’est donc fait par l’enseignement de Claudio Naranjo ?

Absolument. Claudio Naranjo a été mon véritable maître, celui avec qui j’ai cheminé en profondeur. Dans un premier temps, au Mexique, il n’enseignait ni l’Ennéagramme de la personnalité ni le programme SAT à proprement parler. Il animait des ateliers centrés sur la méditation, la musique et la Gestalt, dans la continuité de ses pratiques. Le programme SAT a été introduit au début des années 70 à Berkeley, aux États-Unis, puis en Espagne en 1987. À ce moment-là, j’ai rejoint son équipe pédagogique afin d’enseigner la dimension corporelle du programme.

À quel moment ton lien avec l’Institut Hoffman s’est-il concrétisé ?

C’est une histoire d’amour, au sens propre. J’ai rencontré Katrin en 2008 ou 2009. Ce fut un véritable coup de foudre. Notre relation n’a réellement commencé qu’en 2012. J’ignorais alors qu’elle était elle-même impliquée dans le Processus Hoffman. Ainsi, nos chemins – personnels comme professionnels – se sont naturellement rejoints. J’ai quitté le Mexique pour la retrouver en Allemagne en 2012. Dès lors, ma collaboration avec l’Institut s’est mise en place, notamment avec Karin – que tu as déjà interviewée – et Katrin. Ensemble, nous avons repris la direction de l’Institut en 2014.

Le programme SAT s’inspire très largement des enseignements de Claudio Naranjo. En quoi son approche se distingue-t-elle des autres courants de développement personnel ?

C’est une question complexe, car la singularité du programme SAT tient en grande partie à la personnalité de Claudio lui-même. Je le considère comme un homme qui reflète l’esprit de la Renaissance : doté d’une exceptionnelle capacité de synthèse et d’intégration, il savait unir des courants de pensée et de pratiques très divers. Initialement formé au Conservatoire, il aurait pu embrasser une carrière de pianiste professionnel. Pourtant, animé par une profonde soif de comprendre l’âme humaine, il s’est tourné vers la psychiatrie, qu’il espérait plus proche de l’humain. Cette voie l’a finalement déçu. Il a alors poursuivi une quête personnelle, explorant la méditation, les états modifiés de conscience à travers les psychotropes, la Gestalt – où il fut un collaborateur de Fritz Perls – et la recherche sur la personnalité à Berkeley, en tant que boursier. Il faut aussi souligner qu’il connaissait bien le Processus Hoffman et le travail biographique qu’il implique, notamment la révision des liens familiaux et l’histoire personnelle. Cette richesse, il l’a injectée dans le SAT, en y intégrant également le « travail » sur soi tel que le propose Gurdjieff.

 

Le SAT : une approche holistique de la transformation personnelle

Quelles sont, selon toi, les spécificités du programme SAT ?

Le programme SAT se distingue par une approche véritablement holistique. Il intègre les trois centres fondamentaux de l’être humain : le mental, l’émotionnel et le corporel avec un quatrième élément : la conscience. L’aspect cognitif y est bien entendu présent, avec un travail de clarté et de compréhension. Mais Claudio insistait également sur l’importance du corps et de l’émotion. Ces trois dimensions forment une unité fonctionnelle et l’alignement entre elles par le biais d’un travail de conscience est au cœur de ce programme. C’est là que réside l’originalité de l’approche de Claudio, proche en cela de l’enseignement et de la « quatrième voie » que propose Gurdjieff. Sans avoir connu ce dernier, Claudio a été influencé par son école et a transmis une vision intégrale de la transformation de l’être.

 

SAT et Processus Hoffman : deux démarches complémentaires

Le programme SAT peut-il être considéré comme complémentaire du Processus Hoffman ? Est-il préférable de suivre l’un avant l’autre ?

Nous avons pu constater, au fil des années, que de nombreuses personnes ont suivi ces deux démarches dans des ordres différents, certains commencent par le SAT, d’autres par le

Hoffman. Chacune de ces configurations peut s’avérer tout aussi pertinente, il n’y a pas un ordre idéal. L’important est de comprendre que ces deux démarches sont complémentaires et se rejoignent en profondeur.

Claudio et Bob étaient des amis et le SAT et le Processus Hoffman ont été conçus dans le même contexte culturel – celui de la Californie des années 1960-1970, empreinte de contre-culture et de quête spirituelle. Cela dit, il est important de souligner que ces deux processus ne visent pas exactement les mêmes finalités. Le Processus Hoffman est centré sur un travail biographique avec une intention très précise : revisiter et transformer les dynamiques relationnelles fondatrices de notre vie intérieure, celles qui se sont nouées entre l’enfant que nous avons été et nos parents. L’essentiel du travail s’articule donc autour de cette « famille intérieure ». Le programme SAT, quant à lui, élargit le champ d’exploration. Il aborde non seulement la relation aux parents, mais également les liens avec les propres enfants, la fratrie, le couple, et plus largement, l’ensemble des relations humaines. Au-delà même de cette dimension relationnelle, le SAT nous invite à une quête existentielle : celle de notre vérité intérieure, de notre essence profonde. En effet, le SAT permet de renouer avec le centre de notre être, une dimension mystérieuse qui est au-delà de notre personnalité, qui est donc « trans-personnelle ».

Il s’agit, dès les premières étapes du programme, d’un travail approfondi sur le caractère, sur les mécanismes de la personnalité – ce que l’on peut désigner sous le terme d’ego. Claudio Naranjo proposait un processus de déconstruction – ou plutôt, d’ouverture de brèches – permettant d’aller au-delà des défenses du caractère pour renouer avec cette dimension plus essentielle de l’être. Par ailleurs, la temporalité du SAT est bien plus étendue que celle du Processus Hoffman, qui s’inscrit dans le cadre d’une retraite immersive de sept jours. Le SAT se déroule sur plusieurs modules – généralement quatre à cinq – d’une durée variant de cinq à dix jours chacun, offrant ainsi un espace de travail beaucoup plus vaste, tant sur le plan personnel que transpersonnel.

L’Ennéagramme de la personnalité occupe une place centrale dans le SAT. Peux-tu nous expliquer en quoi cet outil est pertinent dans une démarche de connaissance de soi?

L’Ennéagramme de la personnalité, est une typologie qui nous permet de comprendre les neuf grandes stratégies d’adaptation que l’être humain développe face à la difficulté de vivre. Ces structures de personnalité sont le produit de notre culture, de notre histoire familiale et biographique. Claudio, après avoir reçu les prémices de cet enseignement d’Oscar Ichazo – un personnage énigmatique – a su en faire une élaboration cohérente et profonde.

 

Comprendre l’Ennéagramme : au-delà du test de personnalité

Peux-tu nous expliquer, de manière accessible, en quoi consiste l’Ennéagramme de la personnalité ? À quoi sert-il pour ceux qui n’en ont jamais entendu parler ?

Le mot central ici, c’est bien celui de « personnalité ». Chacun d’entre nous, au fil de sa vie, a forgé un certain mode de fonctionnement, une manière singulière d’interpréter et de répondre aux défis de l’existence. Nous faisons tous face à la réalité, mais notre manière de la percevoir varie considérablement selon notre histoire personnelle, notre culture, notre environnement familial. Être Français aujourd’hui, ou être Japonais, c’est avoir des références, des cadres d’interprétation très différents. Ainsi, notre personnalité s’est construite à partir de ces multiples conditionnements – culturels, éducatifs, biographiques – pour tenter de faire face à la complexité du monde. L’Ennéagramme de la personnalité propose une compréhension de ces mécanismes : il identifie neuf grands types de réponses psychologiques, neuf manières fondamentales d’aborder et de « lire » la réalité, de construire un « personnage » pour se protéger et interagir avec le monde. De façon peut-être surprenante, ces neuf types peuvent être mis en parallèle – dans une perspective laïque, non religieuse – avec ce qu’on appelle les péchés capitaux. Non pas dans leur acception morale, mais comme une façon symbolique de nommer les déviations qui nous éloignent de notre axe intérieur. À l’origine, ces « péchés », pour les Grecs et les Romains, étaient compris comme des erreurs de visée : la flèche, une fois tirée, ne touche pas le centre de la cible. Le « péché » est donc ce qui nous dévie de notre vérité la plus profonde. Il s’agit de forces – qu’elles soient mentales, émotionnelles ou comportementales – qui agissent en nous et nous empêchent d’être pleinement en lien avec notre centre. On retient aujourd’hui sept péchés capitaux : la gourmandise, la luxure, la paresse, la colère, l’orgueil, l’envie et l’avarice. Mais à l’origine, ils étaient neuf. Les deux manquants sont, d’une part, la peur – que l’Église a vraisemblablement préféré exclure, sans doute parce qu’elle a souvent instrumentalisé cette émotion –, et d’autre part, la vanité, parfois confondue à tort avec l’orgueil, alors qu’il s’agit de deux dynamiques bien distinctes dans leur façon d’aborder le réel. Ainsi, l’Ennéagramme, dans cette perspective, devient un outil puissant de compréhension de soi. Il éclaire les stratégies inconscientes que nous mettons en œuvre pour survivre psychiquement, mais qui, avec le temps, finissent souvent par nous enfermer.

 

Les bénéfices concrets du programme SAT dans le quotidien

Peux-tu à présent nous décrire les bénéfices concrets que les participants peuvent observer dans leur quotidien après avoir suivi le programme SAT ?

Je vais répondre à ta question, mais permets-moi, au préalable, de revenir un instant sur la notion de « carte », telle que nous l’abordons à travers l’Ennéagramme de la personnalité. Il s’agit en effet d’une véritable typologie, une représentation des neuf grands types de personnalité. Pour Claudio – comme pour nous – il est essentiel de comprendre que l’Ennéagramme n’est pas seulement un modèle conceptuel ou un ensemble d’informations à appréhender intellectuellement. C’est avant tout un outil vivant, un instrument de travail intérieur. Il permet de passer de la carte – c’est-à-dire du symbole, de la théorie – au territoire, c’est-à-dire à l’expérience vécue. Cette distinction célèbre, « la carte n’est pas le territoire », prend tout son sens ici. Le travail proposé dans le SAT nous invite justement à traverser ce territoire, non pas uniquement avec le mental, mais en y engageant également notre dimension émotionnelle et corporelle. Cette approche globale, incarnée, constitue à mon sens une spécificité majeure du programme. L’intégration du corps – trop souvent négligée dans d’autres approches de l’Ennéagramme – est fondamentale dans le programme SAT. Le corps permet d’ancrer profondément les prises de conscience et de consolider une transformation réelle. C’est d’ailleurs, selon moi, l’un des éléments distinctifs de notre enseignement : proposer un voyage vers l’être, en mobilisant l’intellect, le cœur et le corps.

Peux-tu nous donner quelques exemples précis de blocages émotionnels ou relationnels que ce travail aurait permis de dépasser chez les personnes que tu as accompagnées ?

Les bienfaits que les participants retirent du programme sont, avant tout, profondément personnels. Cela dit, un premier élément me paraît fondamental : il s’agit d’un approfondissement de la connaissance de soi. Le programme permet de mieux se comprendre, de mieux saisir les mécanismes de fonctionnement issus du conditionnement, et d’identifier les dynamiques sous-jacentes, les motivations profondes qui alimentent nos comportements – qu’ils soient mentaux, émotionnels ou corporels. Cette connaissance de soi permet également de cerner ce que l’on pourrait appeler l’axe central de nos difficultés. Nous avons tous une structure de caractère, mais le travail proposé par le SAT permet de mettre en lumière la motivation principale autour de laquelle ce caractère s’est organisé. Connaître les traits de notre personnalité – ce que propose notamment le Processus Hoffman – constitue une première étape. Mais dans le SAT, il s’agit d’aller au-delà : comprendre comment ces traits s’articulent, découvrir l’ossature, le noyau structurant de notre caractère, ce qui lui donne sa cohérence.

Peut-on dire que cela revient, en quelque sorte, non plus simplement à identifier son caractère, mais à comprendre comment il influence notre vie, nos décisions, notre manière de percevoir le réel ?

Tout à fait. Comme je le mentionnais précédemment, la réalité est une – mais notre lecture de cette réalité varie considérablement selon notre histoire personnelle, selon la manière dont notre caractère s’est constitué. Prendre conscience de sa propre lecture du monde permet, d’une part, de reconnaître qu’elle n’est pas universelle, qu’elle est singulière, et d’autre part, grâce à la « carte » du caractère, de percevoir – de façon d’abord intuitive – la lecture que l’autre peut avoir de cette même réalité. Cela nous permet de mesurer à quel point les « personnages » que nous que nous avons incorporés, avec nos structures de caractère, adoptent des postures différentes face à la vie. Dès lors que l’on accepte que notre manière de faire est différente de celle de l’autre, cela ouvre un espace possible de tolérance. Cette reconnaissance de la diversité des perceptions contribue à relativiser notre propre vérité, à la rendre plus souple, plus humaine.

Le fait de comprendre cela doit permettre de désamorcer un grand nombre de tensions ou de conflits…

Absolument. Prenons l’exemple d’un couple : il est fréquent que deux personnes s’opposent sur des détails du quotidien – disons, la manière de ranger la brosse à dents dans un verre de la salle de bain. Mais derrière cette apparente futilité se cache toute une histoire, une manière d’appréhender le monde. Certains couples vivent de véritables affrontements autour de ces petites différences, sans percevoir qu’il s’agit en réalité de lectures divergentes de la réalité. Lorsque deux personnes suivent ensemble le programme SAT, et qu’elles parviennent à distinguer leurs façons respectives de « lire » la réalité et d’agir, une nouvelle compréhension peut émerger. Elles peuvent reconnaître la dimension intrinsèque de l’être en soi et en l’autre. C’est à ce moment-là que la relation devient véritablement intime. L’obstacle, dans le couple, ce ne sont pas les individus en tant qu’êtres humains, mais les personnages, les structures de caractère que chacun a développées. Or, au fond de nous, les besoins essentiels sont les mêmes. C’est cette reconnaissance qui permet de rétablir le lien, au-delà des masques.

 

Le SAT, un outil précieux pour les professionnels dans la relation

De nombreuses personnes s’interrogent sur la pertinence d’un tel programme pour elles. Quel conseil est-ce que tu pourrais donner à quelqu’un qui hésite à s’engager dans cette démarche, qui se demande, par exemple, si c’est le bon moment ?

Il est naturel de s’interroger sur le moment opportun, sur la priorité à donner à ce type de démarche. C’est pourquoi nous proposons des entretiens personnalisés, en dehors des soirées d’information, afin d’accompagner les personnes dans cette réflexion. Mais j’aimerais insister sur le caractère universel de ce chemin. La reconnaissance de notre conditionnement, la mise en lumière de ce qui nous limite souvent à notre insu, constituent déjà un premier pas vers la liberté. Le SAT propose un travail expérientiel riche : théâtre, mouvement spontané, méditation… autant de pratiques qui cultivent la présence à soi, aux autres et à notre essence. C’est une voie qui peut ouvrir des espaces insoupçonnés.

J’aimerais revenir sur une idée qui m’habite à présent. Le programme SAT se déroule en grands groupes, composés généralement de 20 à 30 participants, mais pouvant parfois rassembler jusqu’à 50 ou 60 personnes. Cette dimension collective, loin d’être un obstacle, constitue au contraire une formidable richesse. Elle offre un vaste panorama de la diversité humaine, un véritable éventail de « folies », si l’on ose employer ce terme entre guillemets, autrement dit, une large gamme de stratégies de caractère. Le fait de partager cette expérience en groupe, durant neuf jours consécutifs, permet de créer un espace propice à l’authenticité, à la transparence, et à l’exploration de notre intimité psychique. Il devient alors possible de reconnaître les zones de friction, d’accueillir les tensions, et surtout, de les traverser ensemble. À mes yeux, l’expérience du SAT permet de renouer avec une forme de confiance fondamentale : la possibilité de passer d’un mode d’existence centré sur l’individu – hérité d’une culture profondément marquée par l’individualisme – à une expérience collective du « vivre-ensemble ». Cela va bien au-delà d’un simple idéal de coexistence pacifique. Il s’agit d’un processus d’apprentissage du lien, y compris à travers les conflits et les divergences de perception, pour retrouver une relation plus authentique et plus profonde à notre humanité partagée. À ce titre, je considère que le SAT constitue une forme d’oasis. Un lieu rare et précieux d’expérimentation. Il est souvent décrit comme un laboratoire vivant, dédié à l’exploration d’une transformation de la conscience, incarnée dans le collectif et ses dynamiques propres.

Je voudrais également ajouter un point en ce qui concerne les bénéfices concrets que l’on peut retirer du programme SAT. Au-delà de la connaissance de soi et de la compréhension de l’autre, ce travail peut s’avérer extrêmement précieux pour de nombreux professionnels engagés dans des métiers de la relation. Je pense ici aux enseignants, aux médecins, aux psychologues, aux soignants – infirmiers et infirmières –, à toutes celles et ceux qui accompagnent autrui. L’Ennéagramme de la personnalité, tel que nous l’utilisons dans le SAT, peut devenir un outil d’une grande aide pour développer une forme d’intuition affinée. Il permet de percevoir comment l’autre se positionne en mettant en avant un « personnage », et, peut-être, de contribuer à révéler ce qui en lui aspire à plus d’authenticité, à une identité plus profonde. Il y a donc là un bénéfice important pour tous ceux dont la vocation repose sur l’aide, l’accompagnement, ou la relation humaine en général.

Effectivement, nous avons déjà recueilli des témoignages de professionnels qui avaient suivi ce programme et qui en étaient reconnaissants dans l’exercice de leur profession, justement…

C’est un point particulièrement intéressant, car quelle que soit la profession exercée, la qualité du lien et de la relation à l’autre demeure essentielle. Le programme SAT ne prétend pas enseigner des outils techniques propres à chaque métier. Son objectif est tout autre : il s’agit de permettre à chacun d’entrer davantage en contact avec sa propre vérité, d’être en congruence avec l’instant qu’il vit, dans une présence authentique à soi-même. Et cette présence, lorsqu’elle s’établit dans la relation, change profondément la manière d’être avec autrui. Quel que soit le domaine d’activité – prenons, par exemple, un architecte travaillant avec son équipe de dessinateurs – une personne qui est alignée intérieurement, présente à elle-même, sera en mesure d’offrir une qualité de contact beaucoup plus intime et authentique que si elle était uniquement centrée sur l’aspect technique de sa fonction.

Autrement dit, il ne s’agit pas tant d’un enjeu de secteur professionnel, que d’une question de rapport à l’autre ? Il n’est donc pas nécessaire d’exercer une profession de soin pour que cette démarche ait du sens ?

Exactement. Dès lors qu’il y a relation humaine, cette démarche prend tout son sens. Et cela commence toujours par la qualité de la relation que l’on entretient avec soi-même. Le premier pas consiste à effectuer une forme de nettoyage intérieur : il s’agit d’adoucir, d’éclaircir, de rendre plus transparent le filtre de notre personnalité. Ce travail permet d’accéder plus librement à notre vocation première, à cet élan vital originel qui nous anime. Et à partir de ce lien rétabli avec soi, la relation à l’autre devient naturellement plus facile.

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